28 Octobre 2023
Inattention, agitation, impulsivité dans le cadre social ou familial, ce trouble débute avant l'âge de 12 ans et dure plus de 6 mois. Les sujets s’interrompent sans cesse dans leurs activités et interrompent les autres, ils ont beaucoup de mal à rester assis (ou même debout) sans remuer. Ils peinent à réfréner une envie, une action, une parole, une colère. Les victimes de ce trouble sont parfois comparés avec une ironie sans méchanceté, au Géococcyx ( le beep beep des Looney Tunes) dans leur comportement. Les TDAH sont souvent associés à d’autres troubles dans les apprentissages ( dyslexie, dyspraxie) et dans la coordination motrice ( altération de la proprioception). Ces symptômes sont synonymes de handicaps cognitifs ou relationnels persistants pour les cas les plus graves. Ceux qu'on qualifiait au dernier siècle "d'élèves dissipés" ou « d'écoliers instables » , sont caractérisés par l'opinion publique, fondamentalement non initiée, comme "étant mal éduqués par leurs parents démissionnaires ou déconstruits". Un jugement à l'emporte pièce qui ne règle rien.
Des invisibles parmi tant d'autres
Maladie invisible, faisant l'objet pour les cas les plus lourds d'un traitement médicamenteux ( à base de molécules psychostimulantes comme le méthylphénidate, la fameuse Ritaline®), les affections TDAH sont soupçonnées par une frange polémiste d'avoir été inspirées par la "Big Chimie" pour d'obscurs motifs financiers. La raison étant qu'on ne relève le plus souvent que des symptômes bénins et épisodiques, bien moins handicapants que pour l'autisme ou Asperger. Mais le TDAH est bel et bien un trouble du neurodéveloppement, associé à des petites différences dans la structure et le fonctionnement du cerveau des personnes concernées. Le plus souvent les troubles sont compensés sinon contrôlés ou sublimés par les sujets lors de la poursuite de leur croissance. Il faut remarquer que leur intelligence n'est pas déficitaire: ils peuvent être brillants en certaines matières pour être au contraire nuls dans celles qui demande du jugement et de la rectitude d'esprit. Dans ce genre de cas ils ont d'ailleurs été qualifiés de "prodiges partiels" par les docteurs Magnan et Legrain en 1895 ( "Les dégénérés, état mental et épisodique" chez Rueff/ BNF-Gallica).
TDAH: Mal du siècle?
Faute d'un diagnostic éclairé, incompris, critiqués ou victimisés, les sujets atteints de TDAH n'accèdent pas toujours aux soins ou à l'écoute adaptée à leur état, cette perte de chance faisant d'eux des déclassés dans leur catégorie d'âge entraînant dans le pire des cas un risque accru de blessures accidentelles, d’addictions, de dépression et de suicide. Lorsque cette affection est expliquée, les parents les plus rudes considèrent que ce serait un mal de la modernité, conséquence de l'imposition des médias audiovisuels et des écrans de façon prématurée, réduisant les temps dédiés à la lecture ou la création artistique et perturbant la croissance d'enfants qui nécessitent surtout des activités psychomotrice. Pour d'autres c'est la pollution, la nutrition et les produits chimiques ultimes qui sont à l'origine des troubles de l'attention. Hypothèse réfutée par le monde de la psychiatrie puisque les symptômes de la TDAH étaient parfaitement décrits en 1905 par Georges Paul-Boncour et Jean Philippe dans leur livre « Les Anomalies mentales chez les écoliers » (Alcan - consultable avec Gallica.bnf)
Une perspective historique rassurante, qui contredit des conclusions modernes sur les origines de ces troubles et réduit les hypothèses d'origines exogènes des TDAH, mais il reste à mieux comprendre les causes génétiques ( transmission des parents aux enfants) et les mécanismes biologiques de ce trouble.