Un parlement régional à Epinal

Séance du 23 mars 2018

Actualisation au 23 mars 2018 du parlement éphémère de la région Grand Est de Janvier 2018

Après une première édition en 2015 en région Champagne-Ardenne, c'est au centre des Congrès d' Epinal que s'est déroulé la seconde session du Parlement Ephémère. L'éducation populaire, la culture et les nouvelles pratiques artistiques à l'échelle des nouvelles institutions territoriales ( Grand Est, départements, communautés d'agglomérations ) étaient à l'ordre du jour.

Tous les citoyens intéressés pouvaient participer et s'interroger au sein de groupes de travail sur la place de la culture et aux enjeux de la vie citoyenne. Avec 300 inscrits de toutes spécialités et en provenance de toute la grande région, qui se répartissaient en groupes de travail sur une thématique précise pour débattre et créer des échanges entre acteurs qui n'ont pas l'habitude de travailler ensemble. L'idée convenue étant d'invoquer l'intelligence collective pour parvenir à faire émerger un consensus, mais c'est surtout dans la méthode de travail et de prise de décision du parlement éphémère ( prises de parole non bloquantes, limitées dans le temps pour permettre à tous de s'exprimer, vote des résolutions à main levée, ...)  qu'une étape sur les nouvelles manières d'agir et promouvoir a été franchie. Une nuit debout mais en moins anarchique et avec une volonté certaine de faire progresser les choses en co-construction avec les institutions.

Marion Garnier et Alexandre Birker du Parlement FMR - Séance du 23 mars 18

Bonnes intentions et croisement de compétences

« Le parlement éphémère est une expertise plurielle »,  témoigne Nelly Lopez de la fédération régionale des MJC Champagne-Ardenne « nous la mettons au service des pouvoirs publics . Collectivement, nous participons à la République des savoirs. Les pouvoirs ont aussi des savoirs, à charge pour eux de les confronter avec les acteurs. Les participants du parlement éphémère doivent prendre garde de ne pas se sous-estimer: même s'ils n'ont pas les moyens des politiques, les sachants de la culture ont le "pouvoir de"». « Il s'agit de créer du lien avec des gens qui n'ont pas l'habitude de travailler ensemble pour participer au changement » précise  Alexandre Birker, directeur artistique et culturel de Scènes et Territoires en Lorraine, qui développe des projets culturels dans des territoires ruraux. « Toutes les résolutions des groupes de travail seront consultables rapidement en ligne sur la plateforme pfmr. Des groupes d'actions seront montés par les acteurs pour donner corps collectivement ou individuellement aux propositions et les faire vivre ».

Des sujets de réflexion ambitieux

Dans un bel esprit sans frontières, acteurs de la culture et de l'éducation populaire ont planché sur nombre de sujets ambitieux ou politiques: l'éducation artistique à l'école, l'extension du 1% culturel des grands projets de construction aux autres œuvres culturelles et artistiques, rendre la culture accessible à tous et partout, « le jeu pratique culturelle et outil d'émancipation », le développement de la cohésion sociale et culturelle des individus, médiation culturelle dans le grand Est, importance de la culture dans la cohésion sociale, place des bénévoles et apport des politiques publiques, dynamique des collaborations...

Une démarche participative qui ne fait qu'initier une réflexion entre représentants d'institutions et de collectivités ( Ligue de l'Enseignement et MJC, département et intercommunalités ), promoteurs culturels (Scène Vosges & La Souris Verte, La Boite à Film, Compagnie des Jolies Mômes ), des joueurs, des artistes et poètes (Pl'asso jeux, La langue de Travers ) des militants politiques ou tout simplement des particuliers.

Un résultat difficile à atteindre

« Même si je veux garder confiance et que chacun va faire sa part, les résolutions c'est à la fois trop compliqué et trop simple » confesse Gérard en quittant la plénière. « Les textes s'adressent à des intellectuels ou à des professionnels  du secteur. Ils sont complexes dans leur rédaction et ils évincent des gens simplement motivés par une envie de découverte ou de partage. Et cela me gêne, c'est de l'entre-soi. Avec le risque que cela prenne un tournant  collectiviste et directif. Il y a d'ailleurs une proportion de fonctionnaires ou d'assimilés dans l'assemblée qui est choquant face à une minorité de bénévoles. Par ailleurs les résolutions sont trop simples, car les propositions n'intégrent pas  l'inertie des politiques publiques, des organisations d'état, des élus et des masses non sensibilisées, sans compter le contexte budgétaire contraint actuel. Personnellement je souhaiterai qu'on se concentre sur un seul thème et qu'on expérimente des solutions pragmatiques. A défaut de quoi on va se disperser et s'épuiser, comme les nuits debout, qui n'ont pas dépassé le stade des bonnes idées, jeunes et sympathiques mais irréalistes  ».

P.O.