9 Novembre 2016
Première initiative de la Communauté d'agglomération en partenariat avec Pôle Emploi et une dizaine d'organismes vosgiens de soutien ou de sensibilisation: mobiliser les talents des quartiers pour les orienter vers la création d'entreprise. La salle de spectacle de la Justice comptait lundi dernier autant d'accompagnants que de futurs entrepreneurs, jeunes ou moins jeunes, interpellés par ce projet de vie qui consiste à créer sa propre entreprise. Démystifier le projet, rappeler des basiques incontournables et engager à s'entourer ou à s'impliquer sont les principales leçons de cette après midi.
"Le défi est grand, le sujet est complexe"
Stephane Viry, Vice Président de la Communauté d'agglomération, ne cache pas la difficulté de l'enjeu: sensibiliser tous les publics mais plus particulièrement ceux des quartiers prioritaires afin de favoriser la création d'entreprise. "On part de loin mais on n'est pas seul et les outils existent: la fabrique à entreprendre, Cités Lab, la maison de l'Entrepreneuriat à Avrinsart. Et les compétences s'acquièrent". Dans la salle une vingtaine de personnes qui souhaitent créer des fast food, un ébéniste, un maçon, des soins à la personne.... "650 courriers d'invitation ont été envoyés par Pôle Emploi" précise l'animateur de l'évènement et conseiller municipal Adel Ben Omrane. " C'est un travail de longue haleine" précise Karine de Réseau Entreprendre Lorraine " Passer d'un mental de salarié à celui de créateur de son propre emploi, puis à la véritable entreprise, demande ténacité et détermination. Il faut habiter son projet, avoir une vision mobilisatrice et être tout le temps dans l'action".
Des expériences parlantes
Mohamed Zahi auto entrepreneur paysagiste ne manque pas de finesse lorsqu'il pose la question: " Qu'est ce que l'esprit d'entrepreneuriat?". "N'est ce pas disposer d'un savoir faire, d'un esprit de débrouille propre aux quartiers et de le faire savoir?". Chacun y va de son interprétation. Pour Agathe Lambert, du Haut du lièvre à Nancy, lauréate du concours national "Talent des cités", la recette est simple: "Quand on a un projet on ne le reporte pas au lendemain. Depuis 2012 j'importe et je diffuse des produits brésiliens de lissage au sein de mon entreprise Lisamento. Avec seulement mon bac en poche et mes 22 ans, j'avais un déficit de crédibilité par rapport aux banques et aux entreprises.. J'ai eu besoin de l'aide de mon père, de la Maison de l'emploi et de Promotech pour démarrer, trouver les contacts et les finances. J'exporte maintenant en Tunisie et en Azerbaidjan et mon chiffre d'affaire est en passe de doubler. Et j'ai encore de nombreux développements en cours". Pour Marie-Josée Ferraro et Daniel Boileau de MJF retouches à Bitola, eux aussi témoins de l'après midi :"Pour être créateur d'entreprise, il faut de l'assiduité, du courage, de la disponibilité. Le patron c'est nous. Créer une entreprise c'est s'investir". Marie -Josée, employée de Bragard pendant 38 ans, témoigne avec grâce et spontanéité qu'elle a su prendre à la fois sa retraite et s'employer en créant sa société. Ce qui l'amène à voyager dans l'Europe entière au profit de ses clients dans l'hôtellerie.
Ni utopie, ni angélisme, ni caricature
"Le plus difficile consiste à passer le cap de l'envie d'indépendance et d'entreprendre pour accéder à un véritable esprit d'entreprise" complète Philippe lors des ateliers participatifs. " Tant qu'on n'a pas personnellement essayé, réussit ou échoué et appris, on peut en discuter longtemps". Pour Driss, la quarantaine et maçon au Luxembourg, le plus difficile c'est l'administratif: "Je suis chef d'équipe. J'ai fait tous les travaux possibles et j'ai de l'expérience. Maintenant je veux faire les choses dans les règles, et créer ma structure. Mais c'est compliqué tous ces papiers et ces formalités. Même si Pôle Emploi m'aide, cela demande du temps". Pour Jocelyne Bray, chargée de mission pour le développement économique à la communauté d’agglomération, l'essentiel consiste à "libérer l'écoute et la parole. Ne pas démotiver un futur entrepreneur". Une accompagnante d'ECTI complète "même si son projet n'est pas mûr aujourd'hui, cela sera une réussite à un autre endroit ou un autre moment". Reprenant des accents de Président de club de sport, Stephane Viry pouvait conclure avec dynamisme: "Jeunes et moins jeunes, des quartiers défavorisés ou d'ailleurs, vous êtes des spinaliens. Il faut enclencher la première, éventuellement la seconde, mobiliser son talent et atteindre la réussite".
A.V.P.