5 Février 2017
L'association théâtrale Les Jodelles s'est faite une spécialité des pièces de boulevard avec des interprétations comme "J'y suis j'y reste", "La bonne planque", "Tailleurs pour dames", "La course à l'héritage" jouées d'abord à Dogneville, leur théâtre d'origine et d'attache, mais aussi en tournée à Golbey, Chantraine et Epinal. La tournée 2016 s'achevait dimanche dernier avec la pièce de Stéphane Lartigue "Cardinal.com" devant 300 personnes au théâtre municipal, au profit de la société des fêtes.
Après une introduction par les jeunes écoliers de Dogneville, qui ont interprété des saynètes bien travaillées et laissent présager que la relève est bientôt prête, la salle s'est esbaudie avec naturel aux réparties de l'auteur comique et ancien collaborateur de Philippe Bouvard, Stéphane Lartigue. Cet auteur et acteur comique a une prédilection pour le cocasse dans le domaine clérical, champ d'action qui se prête à la plaisanterie gentiment irrévérencieuse pour un public traditionnel.
De quoi dépoussiérer soutanes et presbytères, la galerie des personnages de la pièce interprétée à Epinal était déjà en soi tout un programme. Monseigneur Du Grangy, évêque chargé de retravailler le "plan de comm" de l'église par le pape cherche des idées neuves pour attirer "les foules comme dans les stades de foot". Soeur Gaby sa gouvernante, au langage des plus fleuris et imagés, hérité de sa permanence assidue de 15 ans dans le mini-bus du secours catholique au Bois de Boulogne, fait du rentre dedans son mode d'expression préféré. Normal, elle n'a pour "seul Julot que Jésus" et pour argument un "cartilage dénommé ménisque qu'elle propulse avec entrain dans les valseuses" . L'Abbé Binet le secrétaire et assistant de l'évêque, trop latiniste et conformiste pour ne pas être de l'ancienne école, se retrouve un peu décroché sinon "perché" par la nouvelle problématique vaticane. Anita la femme de ménage et "bonne nature", abonnée aux ébats et réparties vives et enlevées, met une ambiance des plus libidineuses alors que Walter Tiburon ancien chauffeur routier et actuel chauffeur du cardinal plonge avec frénésie dans la piscine des charmes de la "responsable de surfaces". Pour en conclure avec la mère castratrice et très présente de l'abbé et un génie de la communication moderne qui pourrait être le fils de l'évêque et j'en passe.
On pardonne tout aux bénévoles
Les paradoxes et contrastes du comique de situation ont joué à plein, avec une pièce en terrain gras qui a été gracieusement enlevée par la spontanéité et la fraicheur des bénévoles de Dogneville. Ce qui est certain, c'est que la salle riait plus que de bon cœur, principalement ceux qui ont connu l'avant Vatican 2 et les messes en latin, les films de Fernandel en Don Camillo et ses dialogues avec la voix off. On aurait bien vu pour monseigneur une prestation à la Robert Lamoureux, mais on n'en avait que les bégaiements. Quelques mimiques à la Don Camillo étaient bien placées par l'Abbé Binet, mais sa candeur manquait d'authenticité pour rendre le personnage crédible. Si le rythme manquait parfois de reprise, des acteurs de conviction ou de coffre, ce n'est pas grave. Ils ont la foi et on pardonne tout aux amateurs. Une bonne maxime d'Anita à retenir: "si tu crois en Dieu, tu vivras vieux!"
A.V.P.