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Epinal News

Des informations d'Epinal et de la Communauté d'Agglomération

120 mélomanes pour Arlequinte à Saint Antoine

Caroline Michel à gauche, au sein du quatuor de jeunes artistes Arlequinte à Saint Antoine

Caroline Michel à gauche, au sein du quatuor de jeunes artistes Arlequinte à Saint Antoine

Le baroque "ténébreux" se joue à Epinal

Le programme de musique baroque qui accompagnait les « Leçons de ténèbres » proposé par le jeune ensemble Arlequinte a trouvé son public à l'église Saint Antoine. Dans une atmosphère clair obscur l'assistance a découvert un quatuor dont la jeunesse contraste avec le sérieux de la programmation et de l'affiche. Mais de tristesse il ne fut point question. De la vie, de l'émotion, une maîtrise étonnante de ce répertoire rare, grave et profond. Le retour de la jeune artiste Caroline Michel en ses terres nous a donné l'occasion de l'interroger en exclusivité sur son parcours et ses projets avant ses prochaines participations au Requiem de Verdi dans les Vosges ( Remiremont, Saint Dié et Thaon les Vosges) avec les choeurs de l'université de Nancy et du lycée Claude Gellée.

Prochain apparition pour Caroline Michel: sa participation de soliste au Requiem de Verdi avec 150 choristes

Prochain apparition pour Caroline Michel: sa participation de soliste au Requiem de Verdi avec 150 choristes

Une mise en scène respectueuse des lieux et de l'histoire

Au rythme des tableaux chantés qui se succèdent, les ténèbres propices à la méditation s'installent tandis qu'une à une s'éteignent les bougies et que les instruments se répondent. Barbara Hünninger à la viole de gambe nous propose un récit aux accents pleins de nuances évoquant la complainte lointaine de voix humaines immortalisées par Marin Marais. Le clavecin et la basse continue révèlent sous les doigts d'Antoine Bonardot toutes les palettes d'une partition ciselée de François Couperin et de Marc Antoine Charpentier magistralement servie par un interprète au talent prometteur. Aux extraits des « Lamentations » de Jérémie répondent les voix des deux sopranes Marie Remandet et Caroline Michel dont la tessiture se complète en totale harmonie, s'entre mêlant et se répondant dans une ligne de pureté qui semble ne pas vouloir prendre fin. Répertoire méconnu que celui de ces jeunes artistes qui ont eu le bon goût de faire partager à un public, composé en partie des fidèles des concerts spinaliens, leurs interprétations précieuses et évocatrices. Les spectateurs leur ont réservé une ovation méritée et se sont empressés de les féliciter personnellement au sortir de l'église. Le plus grand nombre était en recherche du CD du spectacle, souhaitait comprendre le parcours des artistes, ou mieux connaitre les instruments anciens utilisés.

Caroline Michel et son public lorrain

A la fin de ses études et au sortir du conservatoire d'Epinal ( classe de Robert Boschiero ) Caroline a été contrainte de "s'exiler" comme de nombreux jeunes pour partir étudier à Strasbourg en licence de musicologie, puis à Dijon pour acquérir sa licence de chant et le diplôme d'état lui permettant d'enseigner son art. Interprète dans de nombreux ensembles, avec un registre de compétences variées ( elle est soliste invitée pour Poly-son par exemple), c'est très régulièrement que Caroline revient en Lorraine. Elle se produira a cappella à Saulcy sur Meurthe avec l'ensemble "A Bocca Chiusa" ( Jazz vocal et chanson française), mais travaille déjà à un opéra de poche "Le couronnement de Popée".

"Je ne ferai rien d'autre, pour rien au monde"

Il est délicat sinon convenu de reporter que la passion l'irradie et que son univers n'est que musique. "Absolutiste du chant" à 27 ans, chaleureuse et pleine de fraicheur, Caroline fait parti de ces forçats de l'art ( toutes proportions gardées...) qui s'engagent et dépensent sans compter leur énergie aux quatre coins de France et parfois du Monde.

Pourquoi le baroque? "C'est d'abord une messe de Bach qui m'a touchée toute petite. Puis certainement mon passé de violoniste, ma formation de chanteuse soliste et choriste qui me permettent d'intégrer divers ensembles à géométrie variable, comme notamment l'ensemble Arlequinte,qui comprenait déjà une soprane, une gambiste et un claveciniste. Le baroque est adapté à ma voix, à mon esthétique personnelle, et à ma personnalité. La musique ancienne est surprenante avec ses dissonances, elle est structurée différemment, les mots sont illustrés par la musique d'une certaine manière. C'est bien plus touchant et original que des œuvres plus modernes comme certains opéras. Il est regrettable que ce répertoire soit si peu exploité de nos jours et qu'on n'éveille pas l'intérêt des jeunes à cette musique . Spécifiquement à Epinal ou il existe un département de musique ancienne avec des enseignants et interprètes talentueux".

- Le chant, la pratique d'un art d'exigence en règle générale, ce n'est pas la garantie d'une brulure intérieure permanente sans reconnaissance sociale? Peu d'élus et beaucoup de demandeurs? "J'ai la chance d'avoir des parents qui me soutiennent, de pratiquer un art qui me nourrit intellectuellement , de l'offrir et de l'enseigner. J'ai confiance, et cela me donne une énergie positive. J'enseigne le chant à de futurs comédiens à Paris dans le XVème et je m'aperçois que cet état d'esprit est un formidable atout pour enseigner. Mais je n'imagine pas cesser toutes les interprétations possibles. L'enseignement artistique n'est pas un métier exclusif, il faut pratiquer des registres variés et nombreux pour pouvoir enseigner avec une valeur ajoutée suffisante. Le plus difficile consiste à parvenir à dépasser l'étape de l'autoproduction, une activité qui n'est vraiment pas sécurisante. Mais le plus souvent je suis soutenue dans ma démarche par de nombreuses personnes qui connaissent ces contraintes, tout particulièrement dans le département et je les en remercie tous".

A.V.P.

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