L'Ecole de l'Image expose à la Plomberie

Avec pour titre ombrelle le mot PARTICULIEREMENT, de 10 heures à 18 heures et jusqu'au 10 février,  une vingtaine d'élèves en troisième année de l'Ecole Supérieure d'Art de Lorraine ( ESAL) donnent à voir l'une ( ou plusieurs ) de leurs créations. Alliant typographie, vidéos, mobiles, sculptures, textes et dessins, le fil rouge de la narration est tout particulièrement mis en avant. Une visite rafraichissante et douce qui s'impose pour y trouver un temps d'arrêt mis en valeur par une composition qui interroge, le déroulé d'une action intrigante, des fragments de vies imaginaires ou recomposées , chaque étape, chaque présentation étant formulée de façon différente. Une diversité d'ou l'on tire une sorte de force. 

Nesma la parisienne

Nesma Saidoune  a voulu insister sur l'irrationalité  de la peur et des angoisses de son temps avec une démarche psycho-graphique intitulée TROUBLE. Par son dessin et sa chromatique, combiné à sa typographie elle égrène, telle une leçon de chose mise en image, huit phobies qu'elle a relevé chez ses camarades: claustrophobie, misophobie ( ultra sensibilité aux bruits ), thalassophobie ( peur de la mer ), eisotrophobie ( peur de la déformation de son reflet ), trypophobie ( peur des trous ou de formes géométriques multiples ), acrophobie ( peur des hauteurs), hématophobie ( phobie du contact ou de la vue du sang ). Clin d'œil original -mais aussi oppressant- à ses camarades, chacune de ses gravures est exposée à proximité du travail  de ses amis, victimes de cette peur incontrôlable.

Manon Karsenti

Francilienne -qui a trés bien vécu son séjour de trois ans en colocation à Epinal- et aspirant à intégrer un Master en design graphique ou en illustration à la prochaine rentrée, Manon est une touche à tout un peu hématophobe. D'ou la présence près de ses huit productions de la gravure de Nesma qui traite de cette peur. Elle expose, telle une bande dessinée en noir et blanc pathétique,  une allégorie du développement de la maladie représentée par un végétal, du lierre, de l'intérieur du corps d'une femme dans un angle de pièce. Sombre, inquiétant, le visage immuable de l'être humain confronté à l'isolement et au déclin non consenti harponne le visiteur et lui renvoi l'image de sa fragilité intrinsèque. Un dessin intégre. Une mise en scène graphique déstabilisante.

Mona sans Lisa

Un jeu de mot pathétique  en introduction de la jeune marienthaloise  Mona Hackel, qui n'a pas encore fini ses études à Epinal alors qu'elle est déjà multi-exposante. Certains se souviendront de son exposition « Les miettes des minutes » dans la galerie de poche du 46 de la rue Saint Michel, ou elle déclinait déjà un graphisme et des narrations des plus originales. Avec son expérience en la matière elle a été plus qu'impliquée dans l'organisation de la biennale de son école. Elle décline en sérigraphie sur support d'affiches jaunes fluo, à la manière des dazibao chinois actualisés par les derniers évènements sociaux, ses interrogations sur la résistance passive de l'individu face à un système dans lequel il ne trouve pas sa place. Un roman graphique flashy et prometteur édité et intitulé l'employé du mois, qu'elle veut être une libre adaptation de la nouvelle d'Herman Melville, « Bartleby le scribe, une histoire de Wall Street de 1853 ». Un questionnement graphique sur le rôle de chacun dans l'entreprise ou la société et de sa capacité à remettre en cause la machine folle qui emporte le monde. Une vue grinçante et acérée assortie à une typographie élaborée. Une créatrice émergeante à suivre.