11 Janvier 2019
Telles des Danaïdes condamnées aux enfers à remplir éternellement des jarres percées, les commerces de proximité traditionnels sont réduits à se plaindre en permanence des inévitables concurrents à leur activité. Dès le début du XXème siècle les grands magasins généralistes étaient fléchés comme étant les tueurs des boutiquiers traditionnels. Puis cela a été le tour des magasins spécialisés, puis des grandes surfaces alimentaires ou généralistes en libre service qui sont devenues périphériques dans les années 60... Tous accusés à un moment ou un autre d'agir en concurrence déloyale, de vendre à perte, de détruire le tissus social, d'assassiner les producteurs, etc... Pour aboutir au XXIème siècle sur le commerce en ligne et la dématérialisation partielle ( Vente par correspondance, Drive auto, drive piéton ) ou totale ( Amazon ).
Conscients de l'impact sur l'image du centre ville ( mais aussi sur les influenceurs traditionnels que sont les commerçants ou leur électorat conservateur ) les élus accrochent sans originalité leur wagon à la locomotive des récriminations. Tout dernièrement, l'arrivée sans avertissement des casiers Amazon en gare d’Épinal, a provoqué une levée de boucliers sur l'initiative d'une libraire placée face à l'équipement para-public. Le maire n'a pu que constater son impuissance et se contenter d'une vague promesse écrite de régularisation de l'industriel. Situé sur la propriété de la SNCF mais en façade du bâtiment -rénové en 2009 pour être en synergie avec le style bois du bardage de la Souris Verte- ces containers flashy se seraient passés d'autorisation administrative alors que la gare est dans l'aire d'un bâtiment historique ( l'église Notre Dame aux cierge et son portail monumental ). L'enseigne américaine va-t-elle payer les 600 euros annuels de droit d'enseigne qu'acquittent les commerçants traditionnels ou est ce une nouvelle démonstration de savoir faire du spécialiste de l'optimisation fiscale ? Sur le territoire, les Postes et Télécommunications, les boutiques qui assurent le dépôt des articles vendus en ligne seront les premiers concernés par la baisse de leur activité et de leurs revenus, le temps que les mœurs consumériste évoluent.
Nous n'en sommes qu'à la première étape de l'automatisation du commerce. IKEA a par exemple prévu de créer un dépôt de meubles dans la périphérie d'Epinal, pour les achats effectués en ligne par les vosgiens. Les fabricants nationaux et internationaux en recherche de débouchés s'y mettent aussi avec livraison par la poste. Les commerces qui vendent leurs produits en ligne avec un enlèvement auto se multiplient en périphérie, les drive piétons alimentaires se mettent en place dans les grands centre ville, de quoi s'interroger sur l'opportunité du soutien par des fonds publics du commerce traditionnel . Au contraire d'aider des entreprises privées qui doivent assumer les risques de leur activité, ces sommes pourraient être utilisées véritablement pour le service au public, que ce soit par le stationnement, l'entretien de la voirie ou l'accueil des scolaires. A défaut, la réduction des impôts serait opportun en ces temps financièrement difficiles.